les pensionaires du Roc
Premiers poussins au Roc

Ambiance feutrée dans notre poulailler depuis quelques jours. Un silence impeccable, de la chaleur et les yeux concentrés de deux poules qui vous déconseillent d’approcher. Les autres ont bien compris, elles dorment désormais un peu plus loin, dans les courants d’air et se surprennent à râler le soir à l’heure du coucher. Même le bel Ornicar, le fier Ornicar, le grand Ornicar est prié de garder ses distances. En silence, la poule blanche bizarrement coiffée et la noire, celle de Jeanne, couvent.

Incroyable entêtement des poules qui font ce qu’elles ont à faire. Rien ne les fera se lever. Boire ou manger semblent appartenir à une vie passée, gambader n’a pour ainsi dire jamais exister. Nous leur mettons de l’eau et du grain à portée de bec, elles minimisent les efforts toues absorbées par leur affaire, réchauffer le jour, réchauffer la nuit les œufs sur lesquels elle campent. Dans les coquilles, les dentelles de veines s’organisent, à l’œuvre, la vie qui ne se lasse jamais de surgir et prend forme dans le secret et dans le noir. Encore le début d’une nouvelle histoire.

Les poules des dessins-animés et celles des contes n’ont rien inventé, les poulaillers sont bel et bien des théâtres de paille, de plumes et de poussins. Des théâtres aux œufs d’or.

Quelques coquilles d’œuf plus tard…

En voilà un !

Pas grand chose d’autre à dire.

On n’a pas toujours envie de parler quand la vie vient.

Et les sourires d’enfants ne se laissent pas forcément décrire.

Mais quand même…
Fracas, force et fragilité, voilà la naissance d’un poussin. Faire éclater la coquille, chercher la lumière si fort pour venir prendre quelques risques sur la terre ferme.
Dire que des millions de poussins mâles sont broyés par des machines.

Les machines des hommes broient la vie qui s’en va quand surgit l’industrie.

Quand je pense à l’attention qu’il va nous falloir pour garder celui-là vivant ! Renard, fouine, rat des champs, tous les filous des contes et notre belle Coca noire elle-même qui devient le félin prédateur que l’on sait, et Ornicar le coq, le roi de la basse-cour et les poules entre elles qui veulent exercer leurs prérogatives maternelles ! Pfffiou…la vie d’un poussin !
M’enfin, celui-ci, dans la lumière et dans la paille, aura le dernier mot : malgré les machines et les ennemis tapis, la vie est belle, elle est en elle-même un enchantement.

Force et fragilité, ou l’art d’être vivant !

Laisser un commentaire