les pensionaires du Roc
A ton oreille – l’arrivée d’Octave et de sa calèche

Voilà, cher Octave, quelques minutes devant moi. La maison dort, les animaux de la nuit sortent, les étoiles font leur numéro, le ciel est beau. C’est donc le moment pour moi de te dire quelques mots. A ton oreille, Octave, quelques mots pour imprimer un peu de la joie que nous avons eu à marcher avec toi, en famille pendant trois jours.

Tu es un athlète, la distance, le dénivelé, rien ne t’inquiète, tu fais ce que tu dois faire, et assurément, cela peut paraître idiot, c’est émouvant. En mettant nos pas dans les tiens, nous apercevons au loin, dans les collines qui nous ravissent, des décennies d’hommes et de femmes qui ont eu un âne comme collègue de travail. Travailler avec une bête, peiner avec elle. Oh, nous bien sûr, nous n’avons pas retourné de champ ni débardé du bois. Nous avons marché simplement, et si nous avons un peu transpiré, il n’y avait pas d’autre enjeu que d’être ensemble. Un pas après l’autre, ensemble. Voilà, Octave, aujourd’hui, tu travailles pour l’homme, différemment. Tu travailles à la vigne de notre famille. Nouvelles notes savoureuses d’intimité dans le vin de fête de l’amour familial. Nos seize pieds dans la même direction, à côté de tes sabots, avec tes oreilles en point de mire et le sanctuaire du Dégagnazes dans le Lot comme horizon. Vivre une (petite) aventure en famille, c’est presser du raisin pour remplir des centaines d’outres ! et quand notre cœur familial connaîtra une sécheresse, nous pourrons venir goûter un peu de notre cuvée précieuse, celle gardée en souvenir vivant, comme un secret murmuré à l’oreille d’un âne qui travaille.

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